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Que faire de la peur et de la colère ?

Que faire de notre peur dans l’espace public ?

Comment vivre nos émotions en cette période tendue ?

Nos émotions sont une difficulté dans notre vie intérieure.
Souvent nous nous demandons comment les vivre.
Comment ne pas en être esclave.

La peur est l’émotion première.

C’est l’émotion qui assure la survie de tous les animaux.

 

Mais nous ne sommes plus vraiment des animaux. Plus seulement.

Nous sommes Homo Sapiens.

Homme qui pense. Homme savant. Homme sage.
Et pas seulement animaux qui ressentent dans l’instinct du corps.

Les animaux sont contraints de réagir.
Seulement réagir.
Agir en réaction.

 

Nous, nous pouvons agir.
Et surtout agir à partir de nos émotions. Après nos émotions.

 

Homo Sapiens a cela de spécial qu’il est capable de réflexivité.
Il sait qu’il pense, et peut modifier sa pensée. Donc ses actes.

 

Homo Sapiens est aussi très original dans le monde animal, car il partage des informations sur ce qui n’existe pas.
D’autres animaux ont un langage.
Nous seuls avons un langage pour les abstractions.

Nous créons des mythes, des religions. Nous avons des croyances, des valeurs.
Et nous les partageons par le langage.

Nous partageons aussi par l’émotion.
Car l’émotion est extrêmement contagieuse.

La physiologie humaine est faite pour cela. Pour la contagion des émotions.
C’est le rôle des neurones miroirs.
On les appelle aussi les neurones empathiques.

Voilà pourquoi nous devons être attentifs à nos émotions.
C’est une responsabilité dans la société, dans la famille.

Comme parent (si vous l’êtes) vous savez bien que vos enfants sont hyper sensibles à vos émotions.
Nous «contaminons» notre entourage en laissant libre court à notre peur. Ou à nos peurs.

Alors que faire de la peur, de la colère ?

D’abord voir, admettre.

Pas la peine de jouer les matamores.

C’est normal d’avoir peur.
C’est utile, cela pousse à être attentif, cela mobilise nos capacités pour fuir ou affronter.

La peur est une émotion vitale.

Mais il est néfaste qu’elle prenne le contrôle de nos vies.

La peur n’a pas le droit de paralyser notre capacité à réfléchir.
Notre don réflexif.
Notre privilège d’Homo Sapiens: être capable de prendre du recul.

Nous devons voir ce que la peur fait à l’intérieur de nous.

La peur, mais aussi la colère.

Comment la peur nous fait-elle réagir ?
Comment la peur et la colère nous font-elles agir ?
Comment la peur nous fait-elle parler de l’autre ? Parler sur l’autre…

Est-ce bien cela que nous voulons ?

A quoi tenons-nous ?
Quels sont nos principes premiers ?

Le meilleur antidote à la peur, c’est notre capacité à réfléchir.

Juger, analyser, comprendre, soupeser …
S’informer.
Prendre du recul.

Dialoguer.

Partager notre capacité à échanger sur des abstractions: Valeurs, mythes, culture.

Hier à Notre-Dame, il y avait de l’émotion, un partage de valeurs, de la culture.

Et il était palpable que les personnes présentes ont été réconfortées par ce partage.

Hier, il y a eu de la consolation.
Collective.
Avec la série d’attentats que nous avons connu, nous avons perdu un peu de notre innocence, de notre insouciance.

Ce qui nous fait tenir ensemble, c’est une certaine idée de l’humanité.
Mais c’est aussi le chagrin partagé.

Oui, nous avons tous perdu quelque chose ces derniers mois.
Perdu une part d’insouciance. De naïveté peut-être.

Nous sommes mis à l’épreuve dans notre foi en l’Homme.
Nous sommes ébranlés dans notre confiance en la capacité de l’Etat à nous protéger.
Nous devons affronter l’injustice du destin. L’absurdité du monde.

Nous avons tous perdu quelque chose de nous-mêmes, ces derniers mois.

Et si nous nous isolons dans la douleur, dans la peur, nous renonçons à la rencontre, au partage, à la consolation.
…. Nous renonçons à ce qui nous est commun.

…. Et ce qui nous est commun, en France : Liberté, Egalité, Fraternité.

Liberté d’agir (et non pas réagir), liberté de penser.

Egalité: chaque être humain doit être traité avec la même dignité.

Fraternité: refuser la globalisation, l’essentialisation.